Page 39 - AFLD - Rapport d'activité 2019
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LES VISAGES DE L’AGENCE
Rémi Keller, conseiller d’État et président de la commission, Élisabeth Éléfant, professeur de médecine, chef de service du Centre de référence sur les agents tératogènes et membre de l’Acadé- mie nationale de médecine, et Isabelle Severino, ancienne championne de France et d’Europe de gymnastique, médaillée aux championnats du monde, font part de leur regard sur la première année entière d’activité de la commission, qui a été intense, variée et productive.
  En cas de violation particulièrement grave et délibérée, nous complétons parfois l’interdiction par une amende, qui peut s’avérer tout aussi dissuasive, voire plus, que l’interdiction elle-même.
Que pensez-vous de la procédure de composition administrative ?
Cette procédure, inspirée du plaider coupable en matière pénale, permet à un sportif soupçonné par l’Agence d’ac- cepter rapidement la sanction qui lui est proposée par le secrétaire général de l’Agence, évitant ainsi une véritable procédure disciplinaire. S’il accepte, l’accord doit ensuite être validé par le collège, puis homologué par la commission des sanctions.
Bien entendu, ce dispositif ne peut fonctionner efficace- ment que si la sanction proposée est à peu près conforme à la jurisprudence de la commission des sanctions. Si ce n’est pas le cas, nous refusons logiquement d’homologuer l’accord. Il faut alors ouvrir une procédure disciplinaire, qui est plus longue, et le sportif ne comprend pas pourquoi on l’a engagé dans cette voie qui a abouti à une impasse.
À l’issue de la première année entière d’activité de la commission, quel sentiment prédomine chez vous au regard des dossiers traités ?
Le sentiment d’un gâchis et d’une urgence.
Un gâchis à la vue de ces sportifs souvent jeunes, parfois adolescents, qui ont été entraînés sur le chemin du dopage par leur entourage, parfois un entraîneur ou un coéquipier, dans la recherche effrénée de la performance et au risque de mettre leur santé en péril.
Une urgence, car je suis frappé de voir que beaucoup de fédérations semblent traiter le problème du dopage avec une certaine légèreté. Nous l’avons vu ces derniers temps en athlétisme par exemple, mais ce n’est malheureusement pas la seule discipline concernée. La plupart des sportifs qui viennent devant la commission affirment n’avoir jamais reçu d’informations à ce sujet. Je note également qu’il n’est presque jamais arrivé qu’une fédération ou un club signale spontanément un cas de dopage à l’Agence.
Il est temps que les responsables fédéraux s’emparent de cette question avec détermination, afin que les clubs, les entraîneurs, les médecins, soient pleinement infor- més – et puissent ainsi informer les sportifs – des règles en matière de dopage, des sanctions parfois très lourdes qui viennent frapper les sportifs et des conséquences, qui peuvent être dramatiques, de la prise de produits dopants sur la santé.
Ce n’est qu’ainsi que le fléau du dopage pourra être mieux combattu.
 AU SERVICE DU SPORT
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