L’AFLD a conclu avec son homologue allemande, la NADA, un accord d’échange de personnel pour s’enrichir mutuellement de leurs bonnes pratiques respectives. Premier partage d’expérience avec une agent du département éducation de chaque agence : Lara Belke (NADA) et Armony Dumur (AFLD).

Armony Dumur (AFLD)

Lara Belke (NADA)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pouvez-vous brièvement présenter le département de l’éducation de votre agence nationale antidopage ?

Lara Belke : “La NADA a commencé il y a une quinzaine d’années à organiser des ateliers d’information sur l’antidopage pour sensibiliser les jeunes sportifs. Nous n’avons cessé de grandir et nous avons aujourd’hui un département dédié à l’éducation qui compte 8 agents”.

Armony Dumur : “L’AFLD dispose d’un département consacré à l’éducation depuis 2021. L’éducation était précédemment rattachée au département communication et prévention créé en 2018. Nous sommes actuellement 8 agents de parcours et de formation très divers mais tout aussi utiles à la sensibilisation des différents publics de l’Agence”.

Quelles sont les grandes lignes de votre offre pédagogique ?

LB : “Nous avons développé le programme éducatif « Ensemble contre le dopage » pour accompagner les fédérations et les clubs dans la prévention du dopage, en particulier vis-à-vis des jeunes sportifs. Nous leur mettons à disposition du matériel pédagogique et une application de contenus d’e-learning et nous organisons régulièrement des webinaires et des ateliers sur le terrain”.

AD : “Nous proposons également de nombreuses ressources pédagogiques pour les sportifs et leur encadrement (entraîneur, personnel médical, parent, etc.). Nous avons notamment lancé l’an dernier PODIUM, la plateforme e-learning de l’AFLD. On y retrouve plusieurs parcours que nous avons développés pour nos différents publics. En partenariat avec Paris 2024 et dans le cadre des JOP 2024, nous avons par exemple développé un parcours sur l’antidopage destiné au grand public. En plus de ces ressources, nous pouvons aussi intervenir en présentiel ou en distanciel auprès des sportifs et/ou des fédérations, comme ce fût le cas en amont des JOP 2024″.

L’AFLD et la NADA proposent toutes les deux un moteur de recherche en ligne pour vérifier que le médicament ne contient pas de substance interdite par l’AMA. La NADA propose également en complément une liste des médicaments autorisés. Quel est le sens de cet outil ?

LB : “Les pharmaciens ne connaissent pas forcément tous la liste des produits interdits et les sportifs veulent savoir ce qu’ils peuvent acheter sans prendre de risque. L’objectif est de les rassurer en listant un maximum de références de consommation courante pour qu’ils puissent se soigner en toute tranquillité. Nous travaillons avec un pharmacien qui nous aide à mettre à jour cette liste avec les produits les plus utilisés et ceux qui apparaissent sur le marché”.

Quelle est votre stratégie concernant les éducateurs antidopage ?

LB : “Nous avons une cinquantaine d’éducateurs que nous employons comme free-lance. Ils reçoivent tous six heures de formation théorique et pratique avant d’être accrédité par la NADA pour réaliser des interventions. Leur agrément est renouvelé tous les six mois”.

AD : “Depuis 2021, nous avons formé et agréé plus de 220 éducateurs dans les fédérations, les syndicats professionnels et d’autres structures sportives (INSEP, CREPS, etc.). La formation des éducateurs antidopage se décompose en 2 parties : une première partie en e-learning, à faire à son rythme, suivie de deux jours de formation en présentiel, à l’Agence ou en région, en présence de 2 formateurs. Les éducateurs antidopage sont accrédités pour deux ans à la suite de la réussite de la formation”.

Quelle est votre position par rapport aux compléments alimentaires ?

AD : Nous rappelons aux sportifs qu’il n’existe pas de risque zéro lorsqu’ils consomment des compléments alimentaires. Contrairement à l’industrie des médicaments, celle des compléments alimentaires n’est pas régulée et ces produits peuvent contenir des substances interdites non mentionnées sur l’étiquette ou l’emballage. C’est pourquoi nous recommandons aux sportifs de consulter un professionnel de santé pour réaliser un bilan nutritionnel et évaluer leurs besoins avant de recourir à tout complément. Il est également essentiel de privilégier une alimentation saine et équilibrée en premier lieu. Pour ceux qui souhaitent tout de même utiliser des compléments, il est conseillé de choisir des produits portant la norme européenne AFNOR EN NF 17444. Bien que cette norme ne garantisse pas l’absence totale de substances interdites, elle permet de réduire ce risque. La norme AFNOR est une norme d’application volontaire par laquelle les fabricants s’engagent à respecter certaines exigences de fabrication afin que leurs produits ne contiennent pas de substances interdites”.

LB : “En tant que docteure en sciences des aliments et de la nutrition, je suis très attachée au fait d’éduquer et de responsabiliser les sportifs sur l’usage de compléments alimentaires. C’est à eux d’évaluer le risque potentiel de dopage ou de contamination avant de décider de consommer tel ou tel produit. Pour les accompagner, nous avons créé avec d’autres organismes « la liste de Cologne » qui recense les compléments testés en laboratoire par le Centre de recherche antidopage de l’université de Cologne. Cette liste est accessible en ligne en allemand, en anglais et en espagnol et mise à jour régulièrement. Elle permet de réduire significativement le risque de consommer un complément contaminé même si le laboratoire ne teste qu’un lot spécifique et qu’il ne peut pas s’engager sur toute la production”.